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Christianisme > Général

Dialogue, et annonce!

“Juifs pour Jésus” est un mouvement chrétien dont l’objectif est l’évangélisation des juifs. Mais pour beaucoup de catholiques, depuis Vatican II, la relation avec les juifs, devant être un dialogue respectueux, doit exclure l'évangélisation.

D'un côté donc une institution, l'Eglise catholique, qui engage en tant que telle un dialogue avec des responsables juifs, en vue d'une meilleure connaissance réciproque. De l'autre des chrétiens "nés de nouveau", qui veulent faire partager largement autour d'eux le trésor qu'ils ont découvert.

Chrétiens évangéliques, convaincus qu'il faut se convertir à Jésus pour être sauvé, les membres de "Juifs pour Jésus" s'adressent dans la rue, en France comme en Israël ou dans d'autres pays, aux personnes qui passent; parmi elles des juifs s'arrêtent et entrent en dialogue.

"Nous ne pouvons pas ne pas annoncer l'évangile": telle était bien la conviction des premiers chrétiens. Pourquoi cela aurait-il changé? La gêne par rapport à cette évangélisation de rue se situe peut-être davantage encore du côté catholique que du côté juif, si on note que les juifs qui se convertissent suite à cet apostolat étaient souvent non pratiquants voire incroyants.

Le désaccord qui existe par rapport à cette évangélisation chez certains catholiques est à la fois théologique - j'y reviendrai - et peut-être surtout de relations sociales: il ne leur paraît pas possible d'un côté de dialoguer avec nos amis juifs, frères très chers, et de l'autre de lancer dans la rue des campagnes visant directement les juifs!
Cette perception tient sans doute essentiellement à ce qu'ils ne sont pas juifs eux-mêmes, ou s'ils le sont, ne considèrent pas leur judéité comme l'élément fondamental de leur insertion dans la société. Pour des juifs devenus chrétiens, quoi de plus naturel que d'expliquer aux autres juifs ce qu'ils ont eux-même découvert?
Un autre aspect est en quelque sorte le carcan de l'institution: les évangéliques agissent au niveau quasi individuel, sans avoir autour d'eux la vaste structure qu'est l'Eglise catholique, avec son histoire et les subtilités de sa doctrine.

Si l'Eglise catholique pratiquait beaucoup plus systématiquement, à destination de tous publics, l'évangélisation de rue - et qu'est-ce qui l'en empêche? - le fait que parmi les groupes de chrétiens qui se montrent dans la rue il y en ait un qui s'adresse plus spécifiquement aux juifs ne poserait guère de problème: juifs, ils veulent faire connaître leur bonheur au groupe de ceux qu'ils connaissent le mieux.
Mais l'Eglise catholique sait-elle être aussi dynamique que les églises protestantes?

A travers ce désaccord, on retrouve aussi un peu la situation dont se plaint l'Eglise orthodoxe dans les pays de l'Est: elle est l'institution locale, et n'apprécie pas que d'autres églises chrétiennes voient leurs rangs s'élargir, même si les personnes qui vont dans ces "nouvelles" églises n'étaient auparavant nullement pratiquantes orthodoxes... Comme l'expliquent certains spécialistes, on est entré de fait, à l'ouest en tout cas, dans une situation où les églises sont en concurrence entre elles. Et les religions aussi.

Sur un plan théologique, sans être d'accord avec l'affirmation des évangéliques selon laquelle seuls seront sauvés ceux qui auront reconnu Jésus comme leur sauveur, je pense que l'annonce de l'évangile est une partie essentielle de la mission du chrétien. Sans doute on l'annoncera souvent par sa simple attitude. Mais qu'est-ce qui nous dispense, dans le respect des personnes et avec amour, d'utiliser tous les moyens existants pour faire connaître notre Dieu? Nous avons reçu un cadeau, la foi, qui vaut des centaines de milliers de francs (Merlin Carothers). Notre joie serait que le maximum de gens parmi nos connaissances découvrent cette vie, et entrent dans la même joie que nous: qu'ils soient grecs, juifs ou chinois!

Alors que pour certains, il ne faudrait pas faire connaître, respectueusement, le Christ aux juifs?
Le Concile Vatican II, que l'on cite volontiers à ce sujet, n'a jamais rien dit de semblable.

Complément, le 4.11.08: Il reste vrai que le peuple juif et l'Eglise sont tous deux témoins du Tout-Autre, dans une histoire qui se poursuit; mais ceci ne doit pas supprimer la liberté de conversion au christianisme pour ceux qui le veulent.
Le 20.05.09: En comparant l'ancienne "prière du vendredi saint" et la nouvelle, je vois que l'ancienne s'intitulait "Pour la conversion des juifs" et employait des mots tels que "aveuglé", et "ténèbres". La nouvelle, "Pour les juifs", demande "qu'ils progressent dans l'amour de son Nom et la fidélité à son Alliance". (Juste pour info).
Le 10.3.11 - Le deuxième tome du livre de Benoît XVI "Jésus de Nazareth" dit (d'après l'extrait en anglais que j'en ai lu sur le site de J.Allen) que l'Eglise ne doit pas chercher à convertir les juifs, qui sont "entre les mains de Dieu".
Pour le dire de façon simple, et en ligne avec ce que j'ai écrit ci-dessus, je pense qu'on ne doit "chercher à convertir" personne, mais qu'on est poussé à témoigner de l'amour révélé par Jésus-Christ auprès de tous ceux qu'on aime. J'aime les juifs.
    11.10.08 - Commenter sur le blog

Voir aussi:
- La documentation chrétienne - relations avec les juifs (cf. en fin de rubrique le texte anglais ref. 1729)
- "Accepter le Seigneur".. quand on est juif?

"Confession d'un cardinal"
Témoigner de la tendresse de Dieu

Le livre "Confession d'un cardinal" d'Olivier Le Gendre (2007), que je viens de découvrir, a une valeur exceptionnelle, qui que soient le ou les cardinaux dont les témoignages ont été utilisés.
L'analyse de la situation de l'Eglise dans le monde et les orientations qu'il conviendrait de suivre sont présentées avec beaucoup de lucidité.
L'ensemble du livre est intéressant et utile, mais le lecteur pressé peut ne lire que les 120 dernières pages (à partir de 287), qui se centrent sur le témoignage chrétien dans le monde.

La parenté d'idées avec Philippe Bacq m'a frappé, ce dernier formulant sur le plan théorique ce qui est montré dans la fin du livre de Le Gendre de façon concrète.

Quelques pages à lire:
- Sur la prière (pp.287-288)
- "La foi est une interrogation" (p.303)
- "Rendre sensible l'amour de Dieu" (p.350)
- "Humaniser la mondialisation" (p.379, qui est aussi un bon résumé de ce qui précède)
- "Ne pas se préoccuper de notre nombre, mais de ce que nous apportons au monde" (p.383)
- "Pourquoi la transmission ne fonctionne plus" (pp.386 à 394).
- Egalement (p.352) une page très critique et peut-être discutable sur une communauté charismatique que je connais bien.

Les limites du livre concernent justement d'une part la prise en compte insuffisante à mon avis de la présence active de Dieu en nous (par contre l'espérance que l'Esprit guide l'Eglise semble parfois présentée de façon naïve), et d'autre part l'absence de mention des erreurs de la théologie, qui appelleraient une révision radicale pour correspondre à la façon dont pense l'homme du XXI° siècle (cf. mon texte "Approches", et aussi ma "Présentation du Christianisme").

Qui est ce "cardinal" supposé très proche de Jean-Paul II, dont on décrit un certain nombre de responsabilités, et qui est présenté comme n'étant pas français? Est-ce un seul cardinal, dont on explique dans le livre qu'il a été envoyé par le pape au Rwanda (ce fut Etchegaray), aux USA pour la crise pédophile, etc. ?
Curieusement un livre de mémoires du père Etchegaray est sorti la même année 2007… sous la forme d'entretiens avec Olivier Le Gendre !
Le livre parle d'une sorte de réseau de hauts responsables partageant le même diagnostic; mais le site web mentionné (Sarepta) ne semble plus actif.
   30 12 10 - Commenter sur le blog

Oh, tous les saints priez pour nous!

Lors des ordinations sacerdotales, la litanie des saints est un des moments les plus émouvants: les futurs prêtres sont allongés sur le sol, et l'assemblée chante: "Saint François d'Assise! Saint Dominique! Oh, tous les saints priez pour nous!" etc. (je cite ici une des versions utilisées par la Communauté du Chemin Neuf pour cette litanie)

L'engagement à vie comme prêtre est quelque chose de très fort, et se confier à la prière des saints est magnifique.
En assistant récemment à un mariage, une idée analogue est venue à ma chère femme Catherine:

Pourquoi les mariés, s'ils le souhaitent, ne pourraient-ils pas eux aussi prier (et faire prier pour eux) avec une brève litanie de ce type? Ils ne s'allongeraient pas sur le sol, je suppose, mais leur engagement prendrait une force et un relief plus grand.

On dira: "C'est si dur que cela de se marier?" ! On dira aussi: "Mais si ce n'est plus spécifique aux prêtres, cela dévalorise la cérémonie d'ordination, qui perd un peu de ce qu'elle a de spécifique..."
Qu'on dise ce que l'on veut! Dans un esprit de liberté, et pour la richesse de la liturgie, voilà une idée à explorer!
      Octobre 2008 - Un commentaire sur le blog - Commenter

Royaume "des cieux"?

Les expressions "royaume de Dieu" et "royaume des cieux" sont en général présentées comme équivalentes, l'évangile de Matthieu seul utilisant le mot "cieux" pour éviter d'écrire le nom de Dieu.
Pourtant, dans l'inconscient d'un chrétien du XXI° siècle, ces deux expressions n'ont pas la même résonance:

Quand on dit "royaume des cieux", on a tendance à penser à ce qui se passe dans l'au-delà, "dans les cieux". Alors que Jésus a bien dit que le royaume est déjà parmi vous (Luc 17,21).

Il me semblerait donc préférable de ne pas utiliser dans la liturgie l'expression "royaume des cieux", et de toujours dire "royaume de Dieu". Je pense ici notamment à une préface qui est utilisée pour la fête de certains saints: "Nous célébrons les prévenances de ton amour pour tant d'hommes et de femmes parvenus à la sainteté en se donnant au Christ à cause du royaume des cieux".
Il serait facile de dire "royaume de Dieu" et cela me paraîtrait théologiquement plus correct: les saints ne travaillent pas "à cause de l'au-delà", mais pour le royaume, qui est à la fois ici et au-delà.
      novembre 2008 - Commenter sur le blog

Parler avec les morts?

Une amie me consulte, à propos d'une personne "pieuse" qui dit parler avec les morts.
Voici ce que je lui ai répondu:

- Le spiritisme, de manière générale, est à éviter; je crois que des esprits peuvent parfois se manifester ainsi, mais on ne sait jamais à qui on a affaire et dans quelle mesure ce qui est reçu mêle adroitement vérités et mensonges.
- Du coup, la prudence me paraît extrêmement nécessaire vis à vis de toute personne qui dit être en contact avec l'au-delà, même si elle paraît pieuse et a pu dire des choses justes. Cela ne prouve pas qu'elle en dira toujours.
- La référence pour un chrétien, c'est à la fois la relation avec Dieu dans la prière, qui donne le discernement, et si nécessaire la relation avec un prêtre, ou une autre personne respectée, dont le bon sens et l'amour sont évidents.
- La vie des saints nous donne-t-elle des exemples de saints en *dialogue* avec un mort - de préférence un autre saint? Je n'ai pas d'exemple en tête. Il y a quelque cas sans doute de "voix" (Jeanne d'Arc) ou visions. Mais cela ne concerne pas le chrétien "moyen" me semble-t-il.
- Voir Saint Paul, en 1 Thessaloniciens 5,21: "Examinez-tout avec discernement: retenez ce qui est bon".
C'est à dire: prudence, patience; ne pas s'emballer. Préférer l'humilité, l'espérance, à des emballements.
      9 02 09 - Commenter sur le blog

"Amibes", et "neurones intelligents"

Par rapport à Dieu, les hommes ne sont guère plus que ce que sont des amibes pour un observateur humain: vraiment de très petites choses: il suffit de penser à la multiplicité des galaxies pour le comprendre.
Une autre image que j'aime, que je préfère même, est celle de neurones; neurones intelligents bien-sûr, pas de simples neurones comme nous les connaissons. Chaque homme est en effet en relation avec un certain nombre d'autres hommes, apprend par eux des informations, et surtout a avec eux, ou certains d'entre eux, des relations plus ou moins approfondies.
Le projet de Dieu, tel que je me le représente, est de nous amener à être en pleine relation d'amour avec les autres hommes, par des réseaux un peu analogues aux réseaux de neurones (mais sans perdre notre intelligence, au contraire!): vivre de vraies relations d'amour avec celles et ceux qui nous entourent, et en même temps percevoir de mieux en mieux les enjeux de l'ensemble de l'humanité, et y participer.
C'est donc une sorte de super-organisme d'amour dont il s'agit, mais qui ne se réalisera sans doute qu'après notre passage dans la réalité à laquelle nous ouvre la mort. Super-organisme, que déjà Saint Paul évoque un peu dans l'épître aux Ephésiens.
Mais sans se faire d'illusions: l'ensemble des hommes, ainsi connectés entre eux, ne sont encore qu'un tout petit morceau de la réalité! Une grosse amibe, mais une amibe quand même, à l'échelle des galaxies et des civilisations qui s'y trouvent presque certainement.
      19 06 09 - Commenter sur le blog

Lire la Bible aux enfants

Si vous cherchez une Bible qui puisse être lue à des enfants de 5 ans, je vous conseille "La Bible comme une histoire", aux éditions Cerf Jeunesse/Novalis (16 euros). En 500 pages et avec une grande illustration en couleur à chaque page, l'ensemble des deux testaments est parcouru en un style très vivant.

Exemple tiré du début de l'histoire de David:
David répétait de nouvelles chansons à la harpe. C'est amusant d'inventer de nouvelles chansons. (...)
  novembre 2008 - Commenter sur le blog

"Exhortation fraternelle"

J'ai découvert un très intéressant document de la Communauté du Chemin Neuf, qui propose une sorte d'école pour apprendre la prise de parole basée sur l'Ecriture: apprendre à parler deux minutes, sur la base d'un bref passage biblique, pour exhorter ses frères et soeurs présents.
J'en ai fait un petit document word que vous pouvez télécharger: c'est bien pensé et bien dit. Il resterait pour chacun à trouver des occasions de le mettre en pratique!
    Télécharger exhortation-fraternelle.doc (1 page).

"L'Eglise perd les meilleurs..."

Un intéressant article (en) du P.Thomas Rees commente les conclusions d'une enquête détaillée de l'institut Pew sur les catholiques qui deviennent protestants.
Il ressort de cette enquête que les deux principales raisons indiquées par les répondants, bien avant toutes les autres, sont d'une part que leurs besoins spirituels n'étaient pas satisfaits dans l'Eglise catholique, et d'autre part qu'ils préfèrent le type d'assemblée dominicale de leur nouvelle église.

C'est dramatique: cela veut dire que ceux qui s'en vont - jeunes souvent - faisaient plutôt partie de ceux qui avaient des exigences; qui attendaient quelque chose de leur église.
Et c'est un peu aussi ce que je constate autour de moi: fuite des paroisses, aux messes trop répétitives et tristes; recherche d'assemblées plus priantes et aux liturgies plus inventives, à la théologie plus ouverte aussi. Ce sont des gens de bon niveau, souvent engagés, qui désertent ainsi, au moins à l'occasion.

Une autre conclusion du Père Rees, à partir de l'enquête, c'est l'importance de l'étude de la Bible, qui reste un point faible des catholiques. Il va jusqu'à écrire: "Comprendre la Bible est plus important que mémoriser le catéchisme"; "si nous pouvions obtenir que les catholiques lisent, chaque semaine, les textes de la messe avant d'y venir, ce serait révolutionnaire".
L'animateur biblique que je suis ne peut que souscrire; il m'a fallu insister longuement, il y a dix ans, pour pouvoir créer un premier groupe biblique dans ma paroisse; et j'aimerais tant que tous les paroissiens participent à de tels groupes!
Un point positif chez nous: avec le "livret de Carême" proposé par l'évêque chaque année, il y a pendant cette période un certain nombre de groupes qui se réunissent et réfléchissent. Bon début!
   21 04 11 - Commenter sur le blog.

 

Image de nuages extraite d'une photo de Roland Trenzel