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LE  SALUT,  C'EST  D'AIMER !

 

Le salut, c'est d'entrer dans l'amour dès cette terre, avec l'aide de Dieu; et cela se poursuivra après notre mort.

C'est d'entrer dans une relation vraie avec nous-même, avec les autres, et avec Dieu, par la prière et par la vie en communauté.

 

Version révisée et légèrement abrégée d'un exposé fait le 25.03.10.
Ce texte est téléchargeable en http://www.plestang.com/docs/salut.doc

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PLAN
I - Les hommes d'aujourd'hui cherchent-ils un salut?
II - Dieu se révèle
III - Entrer dans le Royaume
IV - La vie éternelle

 

Ce texte s'adresse aux chrétiens. On ne s'exprime pas de la même façon quand on s'adresse à des non chrétiens si on veut être compris d'eux. Il est écrit par un catholique: il y a quelques différences entre les confessions chrétiennes en ce qui concerne le salut.
J'ai écrit ce texte parce que les catholiques parlent peu entre eux du salut, alors que la liturgie et la Bible en parlent beaucoup ! Et parce que parler du salut, on le verra, c'est parler de l'amour.

L'encyclopédie Théo donne la définition suivante:
"Le salut est une réconciliation intégrale, avec soi, avec ses frères et avec Dieu".

Je propose pour ma part une définition un peu différente:
"Le salut, c'est la possibilité d'entrer dans une relation en vérité, une relation d'amour, avec les autres et avec Dieu".

Vous noterez que ces définitions ne sont pas centrées sur ce qui se passe après la mort.

Le salut, c'est déjà maintenant.

 

I - Les hommes d'aujourd'hui cherchent-ils un salut ?

Est-ce que l'homme de la rue emploie le mot "salut", ou le verbe "sauver"?
Bien sûr ! Quand on dit bonjour à quelqu'un de façon familière, on dit "salut!"

Le verbe "sauver" est courant également: quand on a la solution à un problème ennuyeux, on s'exclame: "Ouf, je suis sauvé!"
Et quand on ne sait plus quel chemin prendre – c'est vrai moralement aussi – si quelqu'un vous montre le chemin, on n'est plus perdu, on est sauvé!

Mais, au delà de ces usages habituels, est-ce que l'homme du 21° siècle recherche quelque chose qui ressemble à un salut plus définitif?

Ceux qui sont dans la misère, ou qui ont de gros problèmes, aimeraient en sortir, c'est sûr. Ils n'emploient pas forcément le mot salut, mais ils espèrent, ils imaginent, un monde qui serait différent. Une vie qui ne serait pas trop dure matériellement et moralement.
Il y a aussi celles et ceux qui sont dans la misère morale, ou la drogue, l'alcoolisme, etc.

Et enfin il y a tous les hommes et toutes les femmes qui ne sont pas très à l'aise dans leur vie, qui cherchent dans différentes directions, qui ne savent pas comment réussir leur vie. Qui sont insatisfaits.
Ils auraient besoin d'une vie ayant un sens; de trouver la paix.
En quelque sorte, ils sont un peu perdus.

Nous essaierons de voir quel salut Jésus peut leur apporter.
 

Parmi les chrétiens, j'ai déjà dit que les catholiques ne parlent pas beaucoup du salut.
Mais il y a d'autres chrétiens, notamment certains protestants évangéliques, qui en parlent.

Vous avez peut-être eu l'occasion d'entendre dans le métro quelqu'un crier des phrases telles que:

Il faut vous convertir!
C'est maintenant!
Après il sera trop tard!
Acceptez Jésus comme votre sauveur!

Pour ces chrétiens évangéliques, devenir chrétien, c'est accepter Jésus comme son sauveur. Et à partir du moment où on l'a accepté on est sauvé, c'est à dire qu'on ira au ciel après la mort.
Il est donc important pour ces chrétiens d'accepter Jésus, et d'inviter le maximum de gens à le faire.

J'espère que beaucoup de ceux qui lisent ce texte ont accepté Jésus comme leur sauveur!
Mais il est vrai que ce n'est pas dans notre vocabulaire catholique: la liturgie n'emploie pas, me semble-t-il, cette expression.

Il y a donc des chrétiens qui sont anxieux de leur salut, et qui pensent que seuls ceux qui auront accepté Jésus auront, après la mort, la vie éternelle.

Je reviendrai sur cette question dans la dernière partie.

 

II - Dieu se révèle

1) Il forme Israël

La révélation ne commence pas avec Jésus, qui est arrivé après toute une préparation.

Dieu a progressivement formé un peuple, Israël, en se révélant à lui, en lui donnant des lois, et en lui faisant découvrir la vocation supérieure à laquelle il appelle, à travers lui, tous les hommes.

Pour Israël, le "salut", c'était d'abord d'être délivré de ses ennemis: c'était la liberté, et aussi la survie à travers les descendants..
Ce salut a un aspect collectif - un avenir de paix est promis au peuple de Dieu; mais il a aussi un aspect individuel.

Le prophète Ezéchiel écrit par exemple:
"Est-ce donc la mort du méchant que je désire, dit le Seigneur, n'est-ce pas plutôt qu'il se détourne de sa conduite et qu'il vive?" (Ezéchiel 18,23)

Donc Dieu propose la vie à ceux qui suivent sa loi.
Cette vie, les hébreux la voient comme une vie heureuse sur terre.
Mais certains écrivains bibliques se rendent compte que ce n'est pas si simple. Il y a des méchants qui réussissent, et des justes qui sont dans le malheur. Et puis le peuple d'Israël connaît des échecs, l'exil à Babylone notamment.

Et peu à peu, par les prophètes, Dieu annonce à son peuple la venue d'un messie.
Isaïe parle d'un personnage mystérieux, un "serviteur", qui souffrira (42 et 53).
Il annonce aussi un envoyé dont il dit:
"L'Esprit du Seigneur est sur moi, (..) il m'a envoyé proclamer aux captifs la libération, aux aveugles le retour à la vue".

En simplifiant, on peut dire qu'il existe, au sein du judaïsme de l'ancien testament, deux attitudes spirituelles :
- une attitude "légaliste", pour laquelle il s'agit de respecter les commandements, les rites, les sacrifices.
- et une attitude d'humble relation à Dieu dans la prière, et d'amour fraternel. Les prophètes, et les psaumes insistent souvent sur cette attitude intérieure.

En résumé, les croyants de l'Ancien Testament ont appris
- que Dieu existe et est présent
- qu'il sauve ceux qui espèrent en lui.
- et qu'il a promis un sauveur et un salut plus définitifs.

Dieu a préparé les coeurs.

2 - Jésus, révélation de l'amour

Voilà que Jésus vient parmi les hommes.
Il se révèle comme étant Dieu, par exemple quand il dit, à propos de la loi révélée au Sinaï: "Il a été dit.. mais moi je vous dis" (Mt 5,22-23).
Jésus est ce que nous pouvons voir de Dieu sous la forme d'un homme.

Et il nous révèle une image de Dieu différente de celle qu'en avaient les israélites:
II ne s'agit plus de lutter par les armes contre les ennemis, mais d'aimer tous les hommes.
Jésus montre que l'amour parfait va jusqu'à accepter de mourir pour les autres.

Dieu, fait homme, s'est livré entre nos mains.

Puis il apparaît ressuscité, et nous donne l'assurance que l'existence continue après la mort.

Et à la Pentecôte il nous envoie l'Esprit Saint, et cela fait comprendre aux disciples le message de Jésus, comme le montre le récit des Actes des Apôtres.

3 - Pourquoi dit-on que Jésus apporte le salut?

Il y a beaucoup de façons d'en parler. Une des plus simples consiste à utiliser des images.
En voici une:

Sur la terre, nous sommes un peu comme dans une jungle, nous sommes perdus, sans savoir comment agir: comment donner un sens à notre vie.
Jésus nous indique la bonne direction. Et d'autre part il nous donne la force pour changer, pour aller dans cette direction.

Un peu comme s'il était à la fois notre boussole, par l'exemple qu'il nous donne, et notre soutien, par sa grâce, ses sacrements et sa Parole.
Ou encore, si l'on préfère, il est lumière, et aliment pour la route.

Jésus nous propose un chemin pour nous orienter sur cette terre. Un chemin de salut. Un chemin que nous pouvons commencer à parcourir, avec son aide.

Il nous sauve du péché, nous libère du péché.
Car qu'est-ce que le péché? C'est le manque d'amour.
Seuls, sans l'aide de Dieu, nous ne savons pas aimer vraiment.

Jésus nous donne le moyen d'aimer: donc de sortir peu à peu du péché.

4 - Le Royaume

Une des façons qu'utilise Jésus pour parler du salut, c'est le royaume: le royaume de Dieu.

Lorsque Jésus commence sa vie publique, dans les évangiles de Matthieu et de Marc, il annonce que "le royaume de Dieu s'est approché".
Et quand on demande à Jésus, dans Saint Luc (17,20): "Quand le royaume de Dieu va-t-il venir?", il répond: "La venue du Royaume ne peut pas être observée; on ne peut pas dire: 'il est ici; il est là'. Mais, voici: le royaume de Dieu est au milieu de vous!"

Bien-sûr, devant Pilate, Jésus dira, "Mon royaume n'est pas de ce monde" (Jn 18,36). Plusieurs Bibles préfèrent d'ailleurs traduire: "Ma royauté" n'est pas de ce monde.

C'est que le royaume est en effet à la fois déjà là, et pas encore complètement là.

5 - Le salut commence aujourd'hui.

- Jésus nous montre ce salut

Il le montre par des SIGNES du salut, notamment des guérisons.
Ces guérisons montrent que le royaume vient.
En fait les mots "guérir" et "sauver" sont souvent employés l'un pour l'autre. Quelquefois aussi Jésus parle de 'libérer" un malade.

- Jésus nous explique ce salut

Il l'explique par des PAROLES: le sermon sur la montagne, les paraboles. Il dit ce qu'est le royaume, et quel comportement est celui des fils du royaume.
Il nous demande de croire; de le croire.
Croire à la bonne nouvelle; croire que Dieu nous aime. Croire que Jésus et son Esprit sont avec nous jusqu'à la fin des temps.

Jésus nous montre un chemin qui va vers la vie: vers une vie "en relation".
Le "commandement nouveau" que Jésus apporte, c'est de nous aimer les uns les autres, "comme il nous a aimés".(Jn 13,34)
Le salut qu'apporte Jésus est une semence qui va grandir, avec l'aide de Dieu, dans le coeur des hommes qui accepteront d'entrer dans l'amour.

C'est le début d'une grande aventure des hommes avec l'Esprit, et dans la confiance.

 

III - Entrer dans le Royaume

Je l'ai indiqué plus haut: le royaume, le salut, c'est à la fois du "déjà là" et du "pas encore là".
Nous commençons à participer sur terre au royaume "de Dieu", et il se poursuivra ensuite.

Dans cette troisième partie je parlerai du salut "déjà là". Puis, dans la quatrième partie je parlerai de ce que l'on peut dire de ce qui se passe après la mort.

Une remarque importante pour commencer:

1 - Le salut chrétien, ce n'est pas la réussite terrestre, ni individuelle ni collective.

La vie en relation avec Dieu ne nous libère pas de la maladie, etc.
Mais elle nous donne, par Jésus, une nouvelle façon de vivre qui nous permet de traverser cette maladie et ce malheur.

Et Il ne s'agit pas non plus de la réussite collective de l'humanité actuelle:
- L'évangile ne nous annonce pas que le monde va progressivement se convertir, et que l'avenir est paisible. Au contraire il parle de persécutions, et d'événements terribles.
- Donc il ne s'agit pas de construire le royaume de Dieu sur terre... Le monde est le lieu d'un combat, avec des forces du mal bien présentes.

Et pourtant il s'agit de vivre déjà dans ce royaume, mais comme des prophètes, au service des hommes, dans l'amour.

2 - L'entrée dans la foi; la conversion

Il y a des chrétiens qui sont dans la foi depuis leur enfance.
Et il y a des chrétiens qui le deviennent plus tardivement.
Chez nos frères évangéliques et protestants, on ne devient chrétien que par une démarche personnelle d'engagement, pendant l'adolescence ou à l'âge adulte, en acceptant Jésus comme son sauveur.
Il faut se reconnaître pécheur, et pardonné, et recevoir la vie nouvelle que Dieu nous offre gratuitement.

Après la première entrée dans la foi, il peut nous arriver aussi de nous convertir à nouveau.
Cette re-conversion peut prendre plusieurs formes.

Ce sera par exemple la décision prise, à un moment de notre vie, de changer nettement tel ou tel comportement; d'accepter dans la foi telle épreuve importante.

Mais il y a aussi une forme que l'on pourrait appeller "extraordinaire" de la re-conversion: une re-conversion qui marque votre vie; dont vous vous rappellerez toujours la date, parce qu'il y a un "avant" et un "après".
Vous avez été saisi par le Christ, et désormais votre vie n'est plus la même.

3 - Le baptême

Le baptême – je parle ici du baptême des adultes - est le moment où le nouveau chrétien confesse sa foi devant toute la communauté, et devient membre de cette communauté.

Le baptême est un sacrement, c'est à dire le signe visible d'une réalité invisible.
Cette réalité invisible, c'est d'être incorporés au corps du Christ qu'est la communauté des croyants.

Saint Paul parle à plusieurs reprises de cette réalité spirituelle: l'Eglise corps du Christ.

Cela veut dire que les croyants, entre eux, sont appelés à devenir de plus en plus unis, à former une unité véritable.

Saint Paul écrit par exemple (1 Co 6,15):
"Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ?"
Et plus loin (10,16-17)
"Le pain que nous rompons n'est-il pas communion au corps du Christ? (..) A nous tous nous ne formons qu'un seul corps".

On découvre ici le double sens, si important, du mot COMMUNION: nourriture que nous recevons et union d'amour entre tous les chrétiens.

Ce qui nous amène tout naturellement à la sous-partie suivante de l'exposé:

4 - Vivre en chrétien: vivre le salut

Vivre en chrétien, c'est entrer de plus en plus dans une communion avec Dieu, et avec tous les hommes.

C'est cette communion, cette vie dans l'amour, qui constitue déjà le salut.

Le salut, le royaume, ce n'est pas "que dois-je faire pour être sauvé après la mort?", mais "Quelle est la meilleure façon de commencer sur terre la relation d'amour avec tous les hommes?".
Et c'est aussi ce qui nous préparera le mieux à l'au-delà.

Aimer vraiment, c'est aimer toutes les personnes que nous rencontrons.

Il est important de comprendre que cela ne veut pas dire ressentir des sentiments affectueux pour elles.
Cela veut dire agir en pensant que Dieu les aime, même si nous avons beaucoup de mal à les aimer. Les accepter; ne pas les juger; penser que derrière leur attitude il y a peut-être de bonnes raisons que nous ne connaissons pas. Avoir une attitude de paix. Voir ce qu'il y a de beau, de positif en eux.

En particulier, dans la communauté chrétienne à laquelle nous participons, il est important de chercher à construire la paix, à développer l'amour entre nous.

C'est tout un programme de vie.
Pour ce programme de vie, nous avons besoin de l'aide de Dieu. Car sinon c'est certainement au dessus de nos moyens.

Et de manière générale, il ne s'agit pas de "faire des choses pour Dieu", mais de permettre à Dieu d'agir par nous.
Pour cela, de donner la toute première place à la prière et à la confiance dans l'Esprit Saint; et de donner la priorité à l'amour mutuel.
C'est Dieu à qui nous ouvrons la route, pour que ce soit lui qui agisse en nous et dans les autres.

C'est pour cette raison que l'ermite, ou la moniale carmélite, etc., sont aussi "efficaces" que ceux qui agissent dans le monde; car c'est l'action de Dieu qui est importante. Et la prière est le meilleur chemin pour permettre à Dieu d'agir.

Comment progresser dans cet amour, dans cette ouverture intérieure à Dieu?
Il faut nous laisser aimer par Dieu, et apprendre peu à peu à voir les choses comme Dieu les voit. A vivre dans l'esprit.

On pourrait exprimer la vie dans le salut en disant qu'il s'agit d'être à l'écoute de soi même, des autres et de Dieu; d'être sensible:
- sensible à soi-même: à ses désirs; à ses limites; à ses péchés.
- sensible aux autres; les regarder, les comprendre le mieux possible.
- sensible à Dieu, en étant à son écoute par la prière et la lecture de la Bible; en le rencontrant dans les sacrements et dans la vie en église.

On notera que ces trois sensibilités rejoignent la définition du salut par l'encyclopédie Théo: réconciliation avec soi-même, avec les autres, et avec Dieu.

5 - Annoncer le salut?

Faut-il, peut-on annoncer le salut ?
Jésus nous demande d'annoncer la bonne nouvelle du salut à ceux qui ne l'ont pas encore reçue.

Mais il explique que le royaume progresse comme un ferment au milieu de la pâte; comme une toute petite graine de moutarde, qui donnera un jour un arbre vigoureux.

Le royaume que nous annonçons, c'est l'amour. Et l'amour ne s'impose pas par la puissance. Il reste un secret.
Trop secret peut-on penser.
Par humilité, on n'ose pas en parler; et peut-être aussi à cause de nos péchés, et de tous les péchés de l'église à travers les siècles.

Ce n'est pas le salut du monde actuel qu'il faut annoncer.
C'est un salut pour ceux qui acceptent d'entrer dans l'amour.

Dieu change la vie de ceux qui s'ouvrent à lui. Il n'enlève pas les difficultés, il ne faut pas compter qu'il nous protège de la mort. Mais le sens de la vie se transforme.
Si c'est vraiment une bonne nouvelle pour nous, nous souhaiterons évidemment que tous ceux que nous aimons la connaissent !
Et ceux que nous aimons, cela doit être tous ceux que nous rencontrons!

Il s'agit d'aimer. Et, suivant les circonstances, de parler ou de se taire.

Je pense en particulier à toutes les personnes qui souffrent, qui sont dans le malheur. Quel sens cela peut-il avoir de leur parler de salut?

Les questions que ces personnes posent, à propos de Dieu, c'est: Y a-t-il un Dieu? Comment Dieu permet-il cela?
Que répondre?

Souvent, bien-sûr, face au malheur, l'attitude chrétienne la meilleure est d'écouter, et d'aider. Mais parfois on nous interrogera: où est-il ton Dieu? Et on peut alors témoigner de ce qu'il a fait pour nous.

La réponse la plus complète serait, pour ceux qui le peuvent et s'y sentent appelés, de donner sa vie jusqu'au bout pour ces personnes, comme le Christ l'a fait.
Nous en sommes pour la plupart incapables, et de toute façon seul Dieu peut donner la force pour un tel engagement.
Mais nous savons qu'il y a dans l'Eglise des saints, connus ou inconnus, qui témoignent aujourd'hui comme hier de cette manière.

6 - Et qu'en est-il des non-chrétiens?

Est-ce que les non-chrétiens peuvent dès cette vie entrer dans le salut?

Le salut dont nous avons parlé, qui consiste à apprendre à aimer vraiment ceux qui nous entourent, est-il une spécialité chrétienne?
Non bien-sûr, ce n'est pas une spécialité chrétienne. Beaucoup de non-chrétiens montrent, et ont montré, un amour remarquable, par exemple en consacrant leur vie à des causes humanitaires.

Alors, est-ce que les non-chrétiens font partie du plan de salut de Dieu? Et comment?
Le concile Vatican II l'affirme clairement dans la constitution "Gaudium et Spes" (ch 22 §5). Après avoir expliqué que le chrétien, par l'Esprit, est intérieurement renouvelé, le texte ajoute:
"Cela vaut pour tous les hommes de bonne volonté", "puisque le Christ est mort pour tous".

L'Esprit agit, même en ceux qui ne se reconnaissent pas comme chrétiens.

Du coup une question peut surgir dans certains esprits:
Mais alors, qu'apporte le christianisme? A quoi bon être chrétien?

Le christianisme apporte un chemin, pour que nous devenions des transmetteurs d'amour, des saints. Il nous met en relation avec Dieu, la source de l'amour!
Entrer dans le christianisme, c'est découvrir la source de la lumière.

On peut prendre la comparaison suivante: un aveugle qui recouvre la vue voit apparaître une richesse du réel bien plus grande que celle qu'il connaissait.

Avec Jésus, nous cessons d'être aveugles; nous commençons à voir la lumière.
Et, bien plus, nous avons un ami.

 

IV - La vie éternelle

Jésus parle souvent de la vie éternelle, et surtout dans l'évangile de Jean.
Dans cet évangile l'expression est employée plus de 15 fois: jamais au futur; toujours au présent. Par exemple: "Qui croit au fils a la vie éternelle" (Jn 3, 36 et aussi Jn 6,47)
La première épître de Jean insiste de même: "Vous avez la vie éternelle" (1 Jn 5,13)

Ceci correspond à ce que nous avons vu dans les parties précédentes: le salut, le royaume, la vie en Dieu, commencent dès notre existence actuelle.
Mais puisqu'on appelle cette vie de Dieu "vie éternelle", cela montre qu'elle continue après la mort.

Que se passe-t-il après la mort? Il faut reconnaître que nous n'en savons rien.

Mais en même temps nous savons que Jésus s'est montré aux disciples ressuscité, et que pendant sa vie, il a parlé un certain nombre de fois de ce qui se passe après la mort:
- Il annonce au "bon larron" que le jour même il sera avec lui "dans le paradis".
- Il parle à ses disciples du banquet du Royaume.
- Il annonce pour après la mort un jugement, et parle de ténèbres et de pleurs pour ceux qui seront exclus.

Voyons d'abord:

1 - Sur quoi serons-nous jugés?

Tout le monde connaît le chapitre 25 de l'évangile de Matthieu (v 31 et suivants).
Il annonce que le Fils de l'homme, c'est à dire Jésus, jugera tous les hommes - pas seulement les chrétiens - sur la façon dont ils se seront comportés sur terre. L'histoire se termine par:
      "Ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes à la vie éternelle".

Comme tout passage des évangiles, ce texte doit être pris au sérieux.
Mais avant de regarder comment certains théologiens ont réfléchi à ce sujet, je voudrais noter que Saint Paul dit des choses qui semblent assez différentes! Et les chrétiens évangéliques dont nous avons parlé se basent plutôt sur Saint Paul.
Cela montre, il est important de se le rappeler, qu'un passage de la Bible ne doit jamais être isolé du reste de ce que dit l'Ecriture.

Paul écrit dans l'épitre aux Romains (3,21-24) :
"La justice de Dieu a été manifestée (..); c'est la justice (..) par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient (..);
tous ont péché, (..) mais sont gratuitement justifiés par sa grâce."
Et au chapitre 1 (v.17) il avait écrit: "le juste vivra par la foi".

C'est pourquoi les évangéliques et certains autres protestants pensent que le jugement sera fait uniquement sur la foi que chacun a avant de mourir.
Une vidéo protestante que j'ai vu sur Internet il y a quelque temps montrait le jugement sous la forme suivante:

Les hommes s'avançaient à tour de rôle vers l'ange du jugement, et disaient ce qu'ils avaient fait de bien dans leur vie. Mais systématiquement, l'ange les envoyait "à gauche", et non pas du côté du salut.

Et puis, dans la file, voilà qu'un homme arrive, qui n'a rien fait de spécialement bien... Mais à côté de l'ange, Jésus s'approche et prend l'homme avec lui.

Cette vidéo un peu caricaturale voulait montrer que c'est Jésus qui nous sauve, que c'est notre foi qui sauve, et non pas nos actes.

Alors, est-ce la foi qui sauve, comme le dit Saint Paul dans l'épitre aux Romains, ou bien les oeuvres, comme le montre la scène du jugement dernier?
Saint Jacques, dans son épître, fait en quelque sorte la synthèse des deux positions, en écrivant: "C'est par mes oeuvres que je montrerai ma foi".

D'ailleurs Saint Paul lui même insiste aussi, dans ses lettres, sur l'importance de l'amour, par exemple dans le célèbre hymne à la charité (1 Co 13), dont la conclusion est:
"La foi, l'espérance et la charité demeurent toutes les trois; mais la plus grande des trois, c'est la charité."

Je pense pour ma part, avec l'église catholique, que nous serons jugés sur l'amour, et plus précisément sur notre acceptation d'entrer dans l'amour (Catéchisme de l'Eglise Catholique ou "CEC", n°679).

Nous reviendrons dans un instant à la question de savoir qui sera sauvé, mais je voudrais dire un mot sur l'enfer, et sur le purgatoire.

2 - L'enfer

Le mot enfer n'est pas dans la Bible. Par contre la réalité y est bien présente.

Le mot n'est pas dans le Premier Testament, car, de manière générale, les juifs ne pensaient pas qu'il y avait une véritable vie hors de cette terre: donc les morts étaient dans le "shéol", comme des ombres, dans une sorte de survie.
Et pourtant quelques passages du Premier Testament parlent de tourments éternels.

Le mot enfer n'est pas non plus dans le Nouveau Testament.
Quand on dit que Jésus est descendu aux enfers au pluriel (cf He 13,20), ce n'est pas la même chose: c'est le lieu où on disait qu'étaient tous les morts, en attendant; c'est le shéol des juifs.

Cela dit Jésus parle plusieurs fois des souffrances de l'enfer.
Il y a le passage du mauvais riche et du pauvre Lazare (Luc 16,23). Et, en Matthieu 13 (13,41), c'est le Fils de l'homme, Jésus lui même, qui envoie ses anges jeter dans la fournaise de feu tous ceux qui font le mal.

En conclusion de ces brèves réflexions sur l'enfer, il faut croire Jésus.
Il existe un risque de se retrouver après la mort dans de fortes souffrances. Jésus nous met en garde. Il faut prendre ces mises en garde au sérieux.

3 - Le purgatoire

Les chrétiens ont prié pour les morts dès les premiers siècles.
Une prière pour les morts se trouve aussi dans l'Ancien Testament, dans le deuxième livre des Maccabées (2M 12,42-45): Judas Maccabée prie, et offre un sacrifice, pour des soldats morts, afin qu'ils soient absous de leurs péchés.

Cette prière signifie que dans l'au-delà il existe encore des enjeux d'amour, de vie et de mort spirituelle. Au moment de la mort de toute façon, il paraît clair que la plupart d'entre nous n'auront pas atteint un niveau d'amour parfait! Et quand on dit qu'après la mort nous pourrons "voir Dieu", on oublie probablement de parler des purifications qui seront nécessaires.

L'Eglise catholique a formulé la doctrine du Purgatoire, aux Conciles de Florence et de Trente, en se basant notamment sur un verset de Saint Matthieu (12,31).
Ce verset comprend deux parties; tout d'abord :
"Tout péché, tout blasphème sera pardonné aux hommes"
Et ensuite: "Mais le blasphème contre l'Esprit ne sera pas pardonné" (..) Si quelqu'un "parle contre l'Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné, ni en ce monde, ni dans le monde à venir."

En laissant de côté ce que c'est que le blasphème contre l'Esprit - ce serait trop long à discuter - on peut comprendre, avec l'Eglise (CEC 1031), que dans ce texte Jésus affirme indirectement que les autres fautes pourront être remises dans le monde à venir!

Venons en à la question:

4 - Est-ce que tout le monde sera finalement sauvé?

Il y a longtemps déjà, certains prêtres à qui on demandait si l'enfer existe répondaient: "Oui, bien sûr, il existe". Et puis ils ajoutaient sur un ton de confidence: "Mais il n'y a personne dedans".

Un théologien suisse, Urs von Balthasar, a écrit un livre dont le titre est "Espérer pour tous". Ce titre résume bien la situation. Le livre passe en revue les passages du Nouveau Testament qui parlent de l'au-delà. Et il constate qu'il y a à peu près autant de passages dans un sens que dans l'autre:
Il y a à peu près autant de passages où sont annoncés des châtiments éternels, que de passages expliquant que Jésus est venu sauver tous les hommes.

Citons quelques-uns de ces derniers:
- Jean 12,32: élevé sur la croix, Jésus attirera tous les hommes à lui.
- Romains 11,32: "Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire à tous miséricorde."
- 2 Pierre: "Dieu ne veut pas que quelques uns périssent, mais que tous parviennent à la conversion".
- Ephésiens 1,10: Dieu a décidé de "réunir l'univers entier sous un seul chef, le Christ".

Donc, il y a une série de textes très forts dans le sens du salut universel. Mais il y a aussi, nous l'avons vu, de nombreux textes qui annoncent la possibilité d'une perdition.

Alors, peut-on faire la synthèse entre ces deux séries de textes? Urs von Balthasar conclut que non, on ne peut pas faire la synthèse entre ces textes contradictoires. Et que donc nous ne savons pas!

Nous ne savons pas si tout le monde sera sauvé ou pas.

Mais on peut bien-sûr espérer pour tous: espérer que la miséricorde de Dieu sera la plus forte. C'est ce que pensait notamment Thérèse de l'enfant-Jésus.

Peut-on vraiment penser, d'ailleurs qu'il y a des gens qui vont souffrir éternellement? Un auteur américain, dans un livre récent, fait dire à un de ses personnages:

"Je ne peux pas imaginer que Dieu fasse la fête avec ses amis au salon, pendant qu'on torture au sous-sol. Tel que je comprends Jésus, il descendra en bas chercher ceux qui souffrent".
(McLaren, The last word and the word after that, JosseyBass.com - citation approximative)

C'est ce que, pour ma part, je crois qu'il a déjà fait en venant parmi nous.

Cela dit, si quelqu'un refuse absolument et définitivement d'entrer dans une relation d'amour avec les autres, que faire? Cette personne se détruit elle-même.

Espérons que l'amour sera le plus fort.

5 - Le paradis

Il est logique de terminer un exposé sur le salut par le paradis.

Après la Cène, Jésus annonce à ses disciples que là où il sera, ils seront avec lui (Jn 14,3); et il dit aussi : "Je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai, nouveau, avec vous, au banquet du royaume" (Mt 26,29)

Au bon larron, il dit: "Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis". (Lc 23,43)

Après être passés par le purgatoire, serons-nous admis en présence de Dieu? Et à quoi cela pourra-t-il ressembler?
La première épitre de Saint Jean dit (3,2): "Nous lui serons semblables; nous le verrons tel qu'il est".

Puisque nous approchons de la fin de cet exposé, je vais vous dire comment personnellement je vois cette vie au ciel.

J'imagine que les hommes, réunis tous ensemble dans l'amour, composeront une sorte de super-organisme d'amour.

L'amour est relation. Depuis le début de cet exposé, j'insiste sur le fait que le salut, c'est d'accepter d'être en relation vraie avec les autres.

Actuellement nous ne pouvons être en relation qu'avec un assez petit nombre de personnes. Par la prière, nous pouvons en porter un plus grand nombre.
Sur terre, qu'est-ce qu'une vie réussie, pour un chrétien: c'est une vie dans laquelle il aime ceux qui sont autour de lui; où il partage les joies et les peines de ceux qu'il connaît; et où il essaie d'être solidaire, mais de moins près évidemment, avec les femmes et les hommes du monde entier.

Il me semble que si on généralise cela, si on devient capable de vibrer, de partager, en vérité, avec un nombre de plus en plus grand de personnes, on entre vraiment dans le projet de Dieu.
Et c'est comme cela que j'imagine la vie dans l'au-delà: comme une relation toujours plus approfondie avec un nombre toujours plus grand de personnes.

L'Apocalypse décrit "une foule immense, que personne ne pouvait compter" (Ap 7,9).
Cette foule des élus, je ne la vois pas comme un rassemblement style JMJ.

Je la vois comme riche d'échanges innombrables, de partage toujours plus grand des richesses de chacun.

Pour que les hommes soient unis entre eux dans l'amour.

Et, je l'ai déjà dit, c'est cela qu'il nous est possible de commencer à vivre sur cette terre, avec l'aide de l'Esprit.

 

Il me reste à conclure

Le "salut", la vie à laquelle Dieu nous appelle, chacun, et tous ensemble, c'est d'entrer dans une relation vraie: avec nous-même; avec les autres, et avec Dieu.

Cela peut bouleverser nos vies dès à présent, et bouleverser celles de tous ceux à qui nous en parlerons.

C'est un chemin caché, que beaucoup d'hommes ne comprennent pas; une porte étroite par laquelle Jésus nous invite à passer.
Il invite chacun de nous, comme il invite Pierre dans la finale de l'évangile de Jean. "Toi, suis-moi". (Jn 21)

En d'autres termes, pour chacun d'entre nous, au lieu de me demander "Suis-je sauvé?", ou de penser à "mes péchés", à "la morale" et de s'inquiéter de savoir si Dieu "en tiendra compte", il s'agit d'être quelqu'un qui vit l'amour dans la confiance, guidé par la Parole, les sacrements et l'Esprit, dans la prière.

Apprenons à vivre ensemble: à développer, avec ceux qui nous entourent, le Royaume.

Et ce royaume se continuera après la mort, j'en ai la conviction.

 

Image de nuages extraite d'une photo de Roland Trenzel