Parmi les changements dans la nouvelle traduction liturgique de la messe, celui qui soulève le plus de surprise est, dans le Symbole de Nicée (le Credo long), le remplacement de la formule « de même nature que le Père » par « consubstantiel au Père« .
Le texte latin comprend en effet ceci: d’abord « genitum, non factum » (engendré, non pas créé), puis « consubstantialem Patri« . Mais que veut dire « consubstantiel » ?
C’est la traduction latine d’un terme grec (Omo-Ousios) utilisé par le Concile de Nicée, pour affirmer que Jésus est pleinement Dieu: il a « une même substance » avec le Père; il est en quelque sorte « tiré de la substance du Père« .
Il est « un même être avec le Père« .
Jésus lui-même, en Jean 10,30 dit: « Le Père et moi, nous sommes Un« .
C’est d’ailleurs ainsi que le missel anglais et le missel allemand traduisaient: « Of one being with the father » et « Eines Wesens mit dem Vater ».
Dire « Un avec le Père » ne serait pas suffisant: car c’est de la participation à l’être même du Père dont il s’agit, et non pas d’une unité de pensée ou d’action.
La traduction « de même nature » qui était utilisée en France était donc trop vague; fausse en y réfléchissant… D’abord, le Christ a deux natures! N’est-il un avec le Père que quand il est dans sa nature divine? Mais surtout cette expression ne traduisait pas le sens fondamental de l’expression latine: elle n’affirmait pas l’unité de Dieu. Elle pouvait laisser penser que nous avons deux dieux.
« Un même être avec le Père », ou « Étant un même être avec le Père » auraient été de meilleures traductions – et auraient peut-être pu être acceptées par Rome. Il serait intéressant de savoir si ce débat a eu lieu.