« Civilisation de la panne »

A propos de l’incendie à RTE qui vient d’immobiliser la Gare Montparnasse, j’ai écrit, en commentaire à un article d’Atlantico, les remarques suivantes:

« Civilisation de la panne »

Yves Lasfargue expliquait, il y a déjà longtemps (1), que « nous allons vers la civilisation de la panne », vu la complexité des systèmes. On n’en a, je crains, pas vraiment pris conscience, et je ne suis pas sûr que le capitalisme tout court ferait mieux.
Il faut en somme une nouvelle approche, un peu comme pour l’environnement; et donc il faudra(it) des réglementations en la matière ! Or c’est très complexe: intervient d’une part, en amont, la modélisation, qui est rarement suffisante et sera toujours à revoir ou à approfondir. D’autre part la notion de redondance! Sans parler du respect de méthodes d’élaboration et de mise en place de type « Agile ». Et il faut que tout ne se décide pas au sommet ! Que les organisations soient souples et réactives !

Le lendemain, la ligne 1 « automatique » du métro est bloquée plus de 2 heures –  https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/paris-pourquoi-la-panne-de-la-ligne-1-du-metro-a-t-elle-seme-une-telle-pagaille_2876349.html

Puis voici que, le 15 avril 2019, le début de l’incendie à Notre Dame n’a pas été cherché au bon endroit, faute à un bug informatique ! 🙁   .. (2)

– Lorsque, comme dans le cas de Notre Dame, il y a interaction entre un système et un opérateur humain, la traçabilité des incidents devient vite quasi-impossible: l’opérateur humain est faillible, et peut aussi s’écarter plus ou moins de la vérité pour « se couvrir »… Il n’y a, je crains, pas de solution.

Cela dit… la qualité du personnel qui est en charge de l’équipement, et l’entretien de sa formation, sont aussi un aspect qui peut être déterminant !

Il faut ajouter, et c’est essentiel, que, selon les enjeux, il faut consacrer plus de moyens ! Penser l’informatique d’une maison associative, et celle de la Station Spatiale Internationale ou d’une centrale nucléaire, ne comporte pas les mêmes risques en cas d’erreur !
L’incendie de Notre Dame correspondait à un risque à NN milliards d’euros, et sur YY années (le temps qu’il faudra pour rebâtir)! Cela mérite une triple sécurité (redondance), super-vérifiée en permanence… 
« L’assurance ne paraît chère qu’avant l’accident »

Encore autre chose: les changements dans la situation ! Il faut que l’on pense éventuellement à modifier le système informatique, qui est devenu en partie obsolète – ne serait-ce par exemple que si on a ajouté un échafaudage…
L’échafaudage de Notre Dame ne comportait sans doute pas de système d’alerte incendie… Il n’y avait pas de raison; sauf qu’un ouvrier y a peut-être laissé un chalumeau allumé !

Et il faut en outre, dans les cas importants (mais quel cas ne l’est pas) prévoir des autocontrôles du fonctionnement du système; qu’il ne puisse pas être modifié/dégradé sans qu’on s’en aperçoive ? ! (Mais est-ce possible? Qui gardera les gardiens? »)

Et encore: L’excellent texte de Michel Volle sur notre société hybride « machine – homme »: http://michelvolle.blogspot.com/2019/05/a-lhorizon.html .

MIEUX ENCORE: Je découvre ce texte qui analyse les solutions possibles pour des cas comme Notre Dame: et en particulier, pour la durée des travaux et seulement pour cette durée, le principe de deux ou plutôt trois réseaux de surveillance indépendants, que l’on compare les uns aux autres… Ce que l’on fait dans le domaine spatial je crois!

 

(1) Le Monde, 22 août 1987
(2) Le Canard enchaîné a révélé dès avril toute une série de négligences et conflits. Voir ici

1 réflexion sur « « Civilisation de la panne » »

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