Le péché a-t-il commencé avec le premier hominidé?
François Euvé, dans son livre Crainte et tremblement, une histoire du péché, rappelle (pp.296-297) que « la mort est une fonction biologique qui fait partie du vivant », donc indépendante de tout péché de l’homme. Et il écrit, à propos du « péché des origines » décrit par la Bible: « Le récit de la Genèse fait remonter le péché actuel au commencement du temps ».
Gustave Martelet (dans Libre réponse à un scandale) précise: « Ce péché est historique dans sa portée, il ne l’est pas dans sa facticité ». Les deux sont donc d’accord qu’il n’y a pas eu de « péché d’Adam ».
Euvé développe: « C’est la situation historique de l’homme que le récit veut éclairer (..) L’individu (..) hérite d’un passé; (..) il n’en est pas totalement indemne. »
Nous naissons dans un milieu pécheur. C’est un des aspects de ce que l’on appelle en général le « péché originel » (« de naissance »), par opposition à l’hypothétique « péché des origines » qui n’existe pas.
Mais aussi nous sommes pécheurs de part nos limites humaines: comment nos besoins fondamentaux ne se traduiraient-ils pas par des égoïsmes, voire des violences? On pourrait dire que l’égoïsme est nécessaire au développement de la personnalité! (Et ensuite la sainteté nous permet d’en sortir peu à peu).
Pour en revenir au titre de ce billet, puisque certains théologiens (pas ceux précités) semblent penser qu’il y a eu un jour un homme qui a fait les premiers péchés, une question simple serait d’essayer d’analyser en quoi l’homme préhistorique péchait ou ne péchait pas !
Or cela n’a aucun sens pour moi: il était brutal, évidemment; était-ce un « péché »?
Et je me suis rappelé Saint Paul, indiquant que « je n’ai connu le péché que par la Loi » (Rom 7,7).
C’est bien cela: la Révélation de Dieu, commencée par la Loi juive, nous permet de prendre conscience de nous-mêmes, de quitter vraiment le stade animal pour entrer dans une transformation de notre être.
La révélation du péché, par la Loi et par Jésus, c’est le début du chemin montant vers l’amour infini.
C’est très intéressant mais ce n’est pas ce qu’enseigne l’Eglise (cf. le CEC). Je crois en un Dieu créateur du Ciel et de la terre. Quant à Saint Paul,il fait tout remonter à Adam: « Par un seul homme Adam, le péché est entré dans le monde… » Car le premier péché après celui des anges est le péché des origines.
Très bonne soirée
Voir aussi mon billet http://www.plestang.com/blog/2012/peche-originel-chute .
L’idée d’un homme qui, dans le passé, aurait été « sans péché » est une interprétation littérale de la Genèse. Et on ne voit pas ce qu’aurait pu être cet homme: « infiniment bon »?
Voir également l’encyclopédie Théo p.185, 3° colonne vers le bas « On a beaucoup parlé de la chute de la condition humaine due au péché originel. Cette interprétation n’est nullement justifiée par le texte. »
Ou ce qu’écrit André Wénin, et que je cite sur mon site web (http://www.plestang.com/fait-jesus.php) en colonne 2/4 assez bas: « Biblistes contre liturges »:
« Pour qui accepte de rompre avec une lecture historico-linéaire de l’histoire du salut, une autre voie est ouverte. Elle n’est plus dominée par le péché, défiguration par l’homme de l’oeuvre divine qui oblige le Créateur à se faire sauveur et à tenter de restaurer l’ordre perturbé. Elle a pour axe l’amour d’un Dieu dont le désir et la joie sont le bonheur des êtres, et qui invente en dialogue avec eux une histoire d’alliance en vue d’un bonheur pleinement partagé dans la communion.
(L’homme biblique, Cerf 2004)